Esther Garneau x Chacal: pour l’amour de l’art et du style
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- Par Caroline Grégoire - Le Soleil
Charmée par le concept déco, j’entre dans son commerce. Quelle ne fut pas ma surprise d’y découvrir des vêtements aux étoffes très distinctives! On les reconnaissait rapidement en les associant aux tableaux accrochés aux murs du commerce.
Peintre autodidacte et femme d’affaires, Esther Garneau définit son style comme abstrait. Les émotions, elles sont déversées sur la toile. Elle utilise beaucoup de médiums différents en se donnant peu de limites. Le résultat est influencé par son ressenti. «J’ai développé ma technique avec des fonds colorés et avec des encres, des pâtes à texturer, du dripping (technique où on laisse couler la peinture). Dans la façon dont je joue avec les couleurs, il y a une profondeur. J’ai ma touche personnelle», nous explique-t-elle .
Cette collaboration de vêtements est l’aboutissement de plusieurs tentatives. Tout a commencé un jour de pandémie. Esther Garneau fait la rencontre de Carol-Anne Pelchat, la créatrice de la griffe Chacal. «J’avais des restants de tissus provenant de tests de marché et d’expérimentations. Un gros sac de retailles qui traînait depuis des années dans une garde-robe. Quand le besoin de masques est arrivé, une employée de la galerie a proposé Carol-Anne comme couturière. Je me suis rendue dans son atelier de la rue Champlain, je lui ai demandé “Peux-tu m’aider? Elle a répondu : oui.”»
Carol-Ann Pelchat est la créatrice de la griffe Chacal. Diplôme de mode en main, elle fonde sa griffe en 2009. Son style, c’est la simplicité. Pour elle, le tissu fait toute la différence. De son côté, elle cherchait depuis longtemps une collaboration avec un artiste pour faire des impressions sur tissu. Elle explique que souvent, les designers se retrouvent avec le même textile, ce qui est pour elle très gênant. Lors de la première rencontre des deux créatrices, la femme de mode a aimé le travail de la peintre. Elle constate que son esthétique visuelle se prête bien aux tissus.
Le chapitre des masques a permis à Chacal de garder son commerce en vie. En 2020, nouvellement propriétaire d’une boutique avec pignon sur le boulevard Champlain, Carol-Anne Pelchat a dû temporairement fermer jusqu’en mars. N’étant pas admissible à l’aide gouvernementale, cette première collaboration de fabrication de masques a sauvé son entreprise. Les affaires se portent bien aujourd’hui. Le tourisme de passage est plus rare, elle reçoit toutefois une nouvelle clientèle locale.
Des masques aux vêtements
Ce fut donc le début de l’aventure avec cette première association. Après une recherche pour trouver le masque idéal par les deux femmes, la production commence. Des masques, elles en ont fait pendant tout l’été. Parfois jusqu’à 23h ou minuit. Esther Garneau quittait sa galerie à 17 heures pour se rendre couper des pièces à l’atelier de Chacal. Toutes deux affirment qu’elles ont survécu grâce à cet accessoire nécessaire. “Nous les vendions à la boutique de Chacal et la galerie Zen.”
Vient un jour où la réserve de tissus est épuisée. Il est donc temps d’en commander, car la demande continue. Leur choix s’arrête sur la fibre Repreve qui sera imprimée au Québec avec les motifs d’Esther. Le Repreve est fait à partir de bouteilles de plastique recyclées et on l’utilise souvent dans la confection de vêtements techniques. Il est de qualité et résistant aux lavages. L’impression de motifs donne un très bon résultat, la fibre conserve ses couleurs et fait honneur à l’œuvre d’art dont on s’est inspiré.
Une fois les rouleaux de tissu en main, Carol-Ann propose de faire un simple t-shirt. Esther, elle, pense à un legging, quelque chose de chic et de coloré pour la maison. Elles décident donc de sortir des modèles. Pour les faire découvrir, elles choisissent de présenter le chandail sur les réseaux sociaux de leur communauté respective. La réponse est immédiate. Les commandes furent instantanées. «On le savait que les gens qui aiment les vêtements colorés, fabriqués au Québec, allaient en demander», relate madame Garneau. Les leggings et les chandails sont un succès. Toutes deux attribuent cet intérêt au fait qu’on encourage non pas un, mais deux artistes simultanément.
La collection se voit aujourd’hui bonifiée. On retrouve les robes, jupes et camisoles. Les toiles deviennent textiles. On retrouve ces styles en deux déclinaisons. Pour celles qui osent, on retrouve la version «très intense» pour un look total qui est confectionné avec le tissu exclusif. Pour la plus conventionnelle, ce sera le style «intense», un mélange de tissu uni avec l’exclusif et des insertions d’art textiles uniques faites par Chacal.
• Chacal atelier boutique
72B, boulevard Champlain, à Québec
chacalatelierboutique.com
• Galerie Zen
1139, rue Saint-Jean, à Québec
galeriezen.com
Caroline, G. (2021, 17 juillet). Esther Garneau x Chacal : pour l’amour de l’art et du style. Le Soleil. https://www.lesoleil.com/le-mag/esther-garneau-x-chacal-pour-lamour-de-lart-et-du-style-1b4bbf9f23c10924fb5ae4cce515a71f?fbclid=IwAR2SYoC5kb9HPI5UAFwvPpJPCC_VEQLSMC4nzI6PN27t1LKEsYvDXXqFhKM